Paimpol * Loguivy-de-la-Mer * Paimpol

Pêcheurs d'Islande

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Côtes-d'Armor
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Carte: IGN Verte 14 St-Brieuc-Morlaix, Guide Gallimard Côtes d‘Armor

Description:

Déjà au temps de Louis XIV, des goélettes partaient de Paimpol vers Terre-Neuve pour aller y pêcher. La morue était conservée dans le sel.
En 1852, l'armateur Louis Morand arma son premier bateau, L'Occasion pour l'Islande.
Beacoup suivirent, en 1895 ce furent 82 goélettes qui mirent les voiles pour une campagne de 6 mois.
Une époque très dure pour les marins et leurs familles - Plus de 2000 marins et de 100 goélettes ne revinrent jamais et pourtant, c'était pour beaucoup la seule possibilité de ne pas mourir de faim.

Le chanteur populaire breton Théodore Botrel (1868-1925) leur a dédié sa chanson la plus connue, La Paimpolaise peut-être est-il aussi l'auteur de Pêcheurs d'Islande que j'avais appris à chanter aux scouts. De son côté, la littératuren'a pas manqué de les immortaliser: Anatole Le Braz avec son roman Pâques d'Islande et bien évidemment, Pierre Loti avec Pêcheurs d'Islande, plusieurs fois porté à l'écran: L'histoire d'amour de Gaud, la jolie fille de l'armateur et du Grand Yann, un simple pêcheur.

Pierre Loti est bien connue dans ma famille pour une toute autre raison: Officier de marine, comme mon grand-père, le futur Médecin-Général Angelo Hesnard, qui s'était fiancé avec ma grand-mère dans la villa de Loti à Rochefort...

La chaîne de Télévision Antenne 2 a diffusé en 1997 une série sur cette époque sous le titre de Entre Terre et Mer. L'histoire se passe à Cancale qui armait aussi pour l'Islande. Le metteur en scène Hervé Baslé descend d'une famille d'Islandais et a veillé à l'authenticité. La musique est joué par le Bagad de Lann-Bihoué, le célèbre corps musical de la Marine Nationale, qui avait également mis ses goélettes La Belle Poule et L'Etoile à sa disposition pour les scènes de mer.

Mon attention a été rapidement attirée au bureau par cette série sous un titre encore vague, sur la liste des lieux de tournage on lisait St Rivoal...
Il ne pouvait s'agir que de la Maison Cormec dans les Monts d'Arrée.
J'ai pu me procurer les cassettes de travail et regarder la série avant qu'elle ne soit diffusée. A part une erreur difficilement pardonnable - la chanson: "Sont, sont, sont les Gars des Mont d'Arrée..." est une copie pure et simple de "Sont, sont, sont les Gars de Locminé..." (en Morbihan!!!!) cette série est une synthèse tout particulièrement réussie de film documentaire et de fiction. Elle a eu en France un énorme succès. Le CD avec la musique tourne alors que j'écris ces pages...

La lecture du livre de Pierre Loti est particulièrement à recommander à ceux qui voudraient faire cette randonnée. Tous les lieux décrits dans le roman en prennent brusquement une signification poignante.

Une chance formidable! Les goélettes La Belle-Poule et L'Etoile effectuent justement une visite dans le port de Paimpol! La Belle-Poule m'intéresse tout particulièrement: Mon père, alors à l'Ecole Navale navigua en Avril 1940sur un voilier La Belle-Poule et envoya à mes grand-parents une carte de l'Ile de Sein. Apparemment, une nouvelle goélette portant ce nom...

Pas du tout!
C'est bien La Belle-Poule sur laquelle mon père avait navigué!

Prendre la direction de Lézardrieux mais à droite de la D786. On passe par la Chapelle de Lanvignac. Dans le cimetière repose l'armateur Louis Morand.

A Kergrist direction Loguivy-de-la-Mer. Une croix impressionnante avec représentation de l'Ankou se dresse sur le côté droit de la route. Ici habitait Yves le Cor, le personnage principal d'un autre roman de Pierre Loti, "Mon frère Yves", le récit de l'étrange relation entre ces deux hommes: Officier de marine et matelot, riche et pauvre, cultivé et frustre... Et pourtant, ce titre "Mon frère..." Par Landeby jusqu'à Loguivy-de-la-Mer.

Rester à gauche de la localité et obliquer sur la gauche. Au milieu d'un champ, une belle allée couverte. Ensuite, aller vers le port. Bateaux de toutes couleurs, casiers à crustacés. Il existe également sur Loguivy un chant de marin mélancolique parlant de vieux bateaux et de vieux marins...

Louvoyer par Kerloc'h Du et Dour Even aussi longtemps que possible à l'écart de la D789. Pour savourer le magnifique panorama vers l'Ile de Bréhat, il faut accepter un court moment le trafic automobile intense. Puis revenir et immédiatement à droite après la montée, à la petite chapelle sur la gauche en diagonale vers Ploubazlanec.

Au cimetière le Mur des Disparus: Pour un Breton, il était extrêmement important d'être enterré au pays. Celui qui mourait en mer, n'avait pas de tombe, autour de laquelle sa famille se réunissait. Sur l'île d'Ouessant, on enterrait à leur place des petites croix de cire, ici les plaques-souvenirs sont appliquées sur le mur. L'ampleur de la tragédie devient évidente quand on lit noms et dates: Une hécatombe dans une même famille et tous si jeunes! Ici aussi, une plaque rappelant la mémoire du "Grand Yann", compagnon de Pierre Loti.

Traverser la D789 vers Perros-Hamon.

La chapelle porte également le souvenir des Islandais. St Yves et une Madonne, tous deux vénérés des marins, un bateau ex-voto. L'autel richement doré de l'ancienne Abbaye de Beauport, par contre, jure quelque peu dans ce cadre...

Les cadets de La Belle-Poule et L'Etoile visitent justement la chapelle avant de mettre demain les voiles pour l'Islande...

La route continue vers la Croix des Veuves. Magnifique panorama vers Bréhat, l'île St Riom et le large. Cette croix n'est plus guère cruciforme et le nom vient de la tradition islandaise: C'est ici que les femmes des Islandais restaient des heures entières à partir de début septembre dans l'attente presque désespéréede voir pointer les bateaux de leurs hommes à l'horizont. C'est ici que leur destin se décidait… Cet endroit, malgré les drames du passé, n'en reste pas moins une merveille avec cette vue sur la mer.

Descendre vers Pors Even.
Il existe également un très joli sentier piétonnier.
C'est ici qu'habite dans le roman de Loti, le Grand Yann, que Gaud aimait de tout son être. Quatre mots du dernier chapître éteignent la dernière lueur d'espoir:
"Il ne revint jamais..."

La petite route du bas mène joliment et sans grande circulation vers Paimpol. La dernière montée avant le croisement avec la D789 est récompensée par la Tour de Kerroc'h d'où l'on a une très belle vue sur la baie de Paimpol.

Dramatique, cette randonnée?
Peut-être... Mais ainsi fut l'histoire. Et celui qui veut comprendre la Bretagne en profondeur, au lieu de se contenter des curiosités touristiques classiques, percevra mieux par ces ombres et tragédies l'intime mélange de mélancolie et joie de vivre qui agite notre âme celte.

Version : 24.02.2007 - Contents : Marzina Bernez

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